Compétiteur affuté en son temps, moniteur à l’Apnea Académie, instigateur de stages d’apnée tous niveaux à bien des endroits, organisateur de stage à l’étranger, importateur, Pascal Huron fait aujourd’hui figure d’incontournable du milieu de l’apnée hexagonal. Il a depuis une année posé ses valises non loin de Marseille, une trop belle occasion pour le rencontrer et faire le point avec lui !
1 – Salut Pascal, on t’a connu comme un compétiteur ultra affuté et polyvalent (mer comme piscine), peux tu nous rappeler tes meilleurs perf ?
En compétition, j’étais en moyenne à 6min30 en statique, 180m en dynamique monopalme, 140 en DNF et 65M en poids constant, mais ça, c’était avant …
2 – On t’a vu un peu moins au bord des bassins pour les compét , tu peux nous parler de cette décision ?
L’ambiance en compétition a évolué, j’ai évolué ! Ils sont devenus trop sérieux à mon gout, le plaisir et le jeu n’étaient plus là. En France tout du moins.
3 – En parallèle, on t’a aussi connu comme un communiquant de l’apnée avec déjà il y a plus de 5 ans une première structure destinée à l’apprentissage et découverte de l’apnée .
J’ai toujours aimé comprendre comment ça marche et surtout comment aider mon environnement à progresser. C’est le challenge lancé il y à 10 ans désormais avec d’autres moniteurs bénévoles à l’époque. On était les précurseurs des stages d’apnée hors recordman… c’était super, mais ça aussi, c’était avant ….
4 – En gros de fil en aiguilles, cette idée fait son chemin et tu vas te recentrer de plus en plus vers un enseignement à la fois découverte mais aussi destiné au plus pointu en piscine comme en mer, (période plus récente, intro apnée pour tous) ?
J’ai eu la chance d’intégrer l’équipe de l’APNEA ACADEMY en 2012, l’école d’Umberto Pelizzari. Ce fut un tournant dans ma pratique. J’ai trouvé toutes les réponses à mes questions. Respiration, Compensation, Méditation, Technique, tactique, etc. Avant je faisais un sport où ma capacité de résistance et ma force étaient mes principaux atouts. Désormais le bien-être et la maitrise de ce que je fais m’accompagnent au quotidien. J’ai quitté le mode kamikaze pour devenir un performeur du bonheur.
5 – Des enseignements ultra pointus d’ailleurs si l’on prend en compte tes collaborations avec des apnéistes célèbres, tu peux nous les citer ?
Désolé pour mes anciens partenaires frenchies mais j’ai trouvé ma voie à l’étranger. D’abord avec Umberto qui m’a envoyé à l’époque, alors que j’étais déjà MEF2, Moniteur AIDA, membre de l’équipe AIDA France … « le jour où tu te mettras à l’apnée, tu ne seras pas mauvais ! »… j’ai pris une claque, mais elle m’a permis de m’ouvrir à un nouveau monde. Puis ma rencontre avec Federico Mana, mais surtout avec Martin Zajac, le coach de l’équipe tchèque et de tant d’athlète. Avec Andrea Zuccari et Branko Petrovic ils m’ont ouvert les yeux sur ce que j’avais oublié : mon corps est une arme, mais mon esprit, mon savoir-faire et mon savoir-être seront toujours plus puissants. Mais surtout j’ai appris comment cela était concret et comment l’enseigner.
Quoi de mieux en effet pour l’apnée statique que de partager avec un apnéiste aussi hallucinant que Branko Petrovic ?
Celui-là il m’a époustouflé. D’abord par sa connaissance. Je n’ai jamais rencontré un athlète aussi précis et scientifique dans son approche. Il y a tant de philosophe et de mysthic chez beaucoup d’athlète. Lui est précis et méthodique avec une expérience, liée à ses échecs, très forte. Mais en plus, il partage tout. Lorsque j’ai fait des stages avec lui, c’est simple, tout le monde explosait sa pratique ! On a encore tous énormément à apprendre. Cet athlète est un génie !
6 – Aujourd’hui, on a clairement que tu as monté une structure assez polyvalente à côté de Marseille (Carry le rouet) , tu peux nous parler de la philosophie même de ta structure et des moyens que tu déploies?
D’abord j’ai voulu du confort dans mon enseignement et le ressenti de mes stagiaires : un espace d’accueil avec douche chaude, vestiaire, coin breifing, coin apéro/repas, un bateau spacieux, le tout au bord d’une plage de sable fin. Tout ça avec du matos haut de gamme, tant pour l’encadrement que pour les combinaisons et autres palmes/monopalmes à disposition. Puis j’ai crée des parcours qui me permettent de satisfaire l’attente principale des stagiaires : PROGRESSER. Tout ce que j’ai appris pour rendre concret et précis des notions souvent impalpables, je le transmets de l’initiation au perfectionnement. Et les résultats sont là, les élèves augmentent substantiellement leur performance à chaque stage.
7 – Côté programmes ça donne quoi ?
De Mai à Octobre j’enchaine le stages les week-ends et en semaine pendant l’été. De la demi journée aux stages 3 jours, j’essaie de proposer divers formules, mais toujours la même idée : Je suis avant tout un centre de formation. Certaines dates sont spécifiques et parfois j’invite mes mentors … Cette année ce sera Zajac, Petrovic et Zuccari
8 – Côté boutique, tu nous racontes ?
Je ne suis pas un bon vendeur de matériel … ma priorité est surtout de proposer ce que j’ai sélectionné. Cela veut dire que je propose surtout de venir essayer ce que je promets et ensuite, les clients achètent. Finalement je ne vends pas beaucoup, je suis surtout un prescripteur pour qu’ensuite les gens achètent en magasin.
9 – Tes stages peuvent ils fonctionner pour des chasseurs sous marin ?
Voilà plusieurs années déjà que j’ai crée des stages dédiés aux chasseurs. L’apnée n’est pas une finalité pour eux, c’est un moyen, mais très souvent ils ignorent des basiques qui entrainent des apnées trop courtes et limitent leur action de chasse. Alors j’ai mis au point une formule sur 1,5 J où je partage des astuces faciles à mettre en œuvre et éviter les erreurs pour leur permettre d’améliorer leur pratique.
10 – Allez on part en voyage, on va où ?
Parmi les sites que j’adore, mon cœur va vers la mer rouge. C’est facile d’accès, bon marché et surtout j’aime la formule croisière. On se pose dans un hôtel flottant, on est un groupe d’environ 25 personnes et on se balade de site en site avec des sessions de formations et d’entrainement toute la semaine. En plus d’exploser ses perfs (l’eau cristalline et chaude, ça aide), on vie des expériences magnifiques : requins, dauphins, tortues et toutes les barrières de corail. C’est le moment très fun de la saison en novembre…
11 – Bon je crois qu’on a bien fait le tour de la vie de Pascal Huron, le mot de la fin ?
La performance n’est pas un objectif, c’est une conséquence !
Merci à lui et à bientôt dans l’eau !